Un jour, je serai écrivain ou comment naissent les histoires…

D’où viennent les histoires ?

D’où vient ce désir, ce besoin, de raconter des histoires, et d’écrire ?

D’aussi loin que je me souvienne, les histoires ont fait partie de ma vie. Bien avant de savoir lire et écrire, je réinventais le monde.

Il y a d’abord eu ce que j’imaginais à partir des planches de BD dont je ne savais pas lire les bullesLes Schtroumpfs, Boule et Bill, Picsou. A la fois j’essayais d’apprendre à lire, m’efforçant de me souvenir de ce que m’avait lu ma maman, et à la fois j’imaginais autre chose, de nouvelles histoires et paroles à partir des mêmes images.

Bien sûr, les innombrables aventures de ma Barbie.

Ensuite, les séries télévisées, dont j’inventais de nouveaux épisodes, de nouvelles arches, de nouveaux personnages parfois. On dit souvent (les gens disent…) que la télévision tue l’imaginaire des enfants. C’est faux. En tout cas, ce n’est pas toujours vrai : elle a au contraire contribué à développer le mien.

Une pièce de théâtre écrite avec une amie, à l’école primaire. Écrite et jouée. J’étais Aphrodite/Vénus, elle était Athéna, il y avait d’autres personnages mais je ne me souviens plus lesquels ni qui les jouait. En revanche, je trouve le choix du personnage de Vénus tout à fait intéressant. D’autant que lors de la représentation, au cours d’une scène de dispute, ma tunique, faite d’un drap, est tombée…

Bien sûr, mon journal intime d’adolescente. En plusieurs tomes aujourd’hui disparus, à moins qu’ils ne traînent au fond d’un carton au fond du grenier.

Et puis, des essais de romans. Le premier vers l’âge de dix ans. Il s’intitulait La Baby-sitter (à moins que ça ne soit La jeune fille au pair). Je me souviens d’une scène, après le repas, au Cap-Ferret : je m’installe à la table, avec mon cahier et mon stylo, et j’annonce très sérieusement que je vais travailler à mon roman.

Il y a cet autre, un peu plus tard, sous forme de journal intime, la femme d’un navigateur parti faire le tour du monde à la voile. Je suis retombée dessus il y a une dizaine d’années, mais je crois que je l’ai jeté. Il faut dire que c’était plutôt mauvais.

Il y a peut-être d’autres textes, mais je ne m’en souviens pas. Mon imaginaire par contre ne s’accommodait pas trop des sujets de rédaction, il en débordait souvent le cadre strict. J’avais de bonnes notes, mais ce n’était pas éblouissant non plus.

Et puis, il y avait toutes ces fictions de moi-même, ces autres moi, ces réalités alternatives et, oui, il faut bien le nommer comme ça, ces mensonges, souvent d’ailleurs invraisemblables. Parce que, je pense, j’ai toujours eu un rapport plus que problématique avec la réalité du monde. Je m’inventais des pouvoirs magiques, j’affirmais venir d’une autre planète, je faisais croire que j’étais ma sœur jumelle, je me glorifiais de hauts faits…

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai vécu au-delà de la frontière du réel.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai raconté des histoires

27 commentaires

  1. Elora dit :

    J’ai souri en lisant le passage sur la télévision. Je ne pourrais pas compter le nombre d’épisodes inédits que j’ai ajoutés à mes séries préférées quand j’étais ado. On faisait de la fanfiction avant même que cela devienne un phénomène de mode ^^ . Très bel article.

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    1. irreguliere dit :

      Oui, c’est ça ! Mais j’en avais aussi écrit une vraie, et mon roman… Enfin le point de départ est presque de la fanfic

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  2. Bel article 🙂 As-tu lu « écrire » de Marguerite Duras ? Magnifique essai sur le désir d’écrire.

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    1. irreguliere dit :

      J’en ai lu des extraits, mais pas l’ensemble

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  3. Syl. dit :

    Et moi j’aime lire des histoires… heureusement qu’il y a des personnes qui en écrivent !

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  4. gentlemanw dit :

    Lire, une nécessaire obligation pour comprendre, apprendre et rêver.
    Ecrire, une folle envie intérieure, une faute inavouable de futilité, et pourtant.

    J’ai lu, j’ai dégusté vos mots car je les ai doublement ressenti, écrivant par hasard mais comme vous depuis longtemps finalement, des textes courts, des débuts d’histoires ou de romans non finis. Et puis un jour, un, deux, trois blogs, trois univers, des lectrices, des lecteurs, un monde ouvert, des mots libérés, une drogue devenu médicament de vie.

    Car si « Ecrire est un enfer, il m’est indispensable pourtant. » (J d’Ormesson), je suis en manque permanent de mots, mais toujours sans aucun roman (je no’se pas ce pas là).

    Amicalement

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    1. irreguliere dit :

      Mais si, il faut oser

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  5. valou dit :

    Je me retrouve dans tes mots, sur certains points. Je me rappelle que les sujets d’invention au lycée étaient ma passion, je me lâchais ! (exemple : faire une pièce de théâtre reprenant les règles du théâtre classique. J’avais choisi la Rafle du Vél d’hiv. texte lu devant ma classe, et des élèves qui pleuraient… j’étais abasourdie !)

    Les journaux intimes, bien sûr, une imagination débordante sur les « et si… » qui trottent quotidiennement dans la tête…

    mais finalement peu d’écrits. Des essais, de temps à autre, mais toujours la peur d’aller vers nulle part, finalement, un frein qui m’empêche de vraiment me lancer, même si je sens, au fond de moi, que c’est une expérience que j’aimerai bien tenter !

    Un très beau billet, qui me laisse désormais songeuse 😉

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    1. irreguliere dit :

      L’écrit d’invention n’existait pas à mon époque… Mais il faut oser te lancer !

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  6. lorouge dit :

    Je crois que quand on a « ça » dans le sang c’est très tôt et c’est pour la vie….

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    1. irreguliere dit :

      Je crois aussi…

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  7. Alpha dit :

     » J’ai toujours eu un rapport plus que problématique avec la réalité du monde. » je l’ai toujours dit. Commence par respecter le sens des mots. LA vérité. SA version des faits. Le tiers exclu, etc. Bon courage et mille bises.

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    1. irreguliere dit :

      Un exemple concret. X et Y passent leurs vacances ensemble. Verdict au retour :
      X= vacances pourries
      Y= vacances géniales
      Les deux énoncés, quoique contradictoires, sont pourtant vrais tous les deux, en ce sens qu’aucun des deux ne ment. Ils ont pourtant, factuellement, vécu les mêmes événements, mais ne les ont pas ressentis de la même manière.
      La philosophie ne s’est pas arrêtée à Aristote, heureusement !

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      1. Alpha dit :

        La philosophie ne s’est pas arrêtée à Aristote, et heureusement, néanmoins, ton exemple ne le contredit pas une seconde. Par vérité, on entend des faits objectifs. Là, tu compares des impressions par définition subjectives. Elles sont vraies, mais ne font référence qu’à elles-mêmes en tant qu’avis du locuteur dont elles dépendent totalement. Il n’y a donc pas de mal à en avoir plusieurs différentes. Mais nul n’irait dire la même chose de rapports dont la part objective est prépondérante : la mère d’Emile Louis a ou pas fait une fausse couche ? Aristote dit (ou constate) que c’est l’un ou l’autre, pas les deux. Et donc que si Emile Louis dit oui, et sa maman dit non, eh bien l’un ment. En particulier, il est abusif d’employer le terme vérité avec un possessif puisque par hypothèse elle ne dépend pas du locuteur. En revanche, rien à redire si on emploie le mot version, récit, etc. C’est bien ce que je veux dire quand je te recommande de veiller au sens précis des mots. Ca t’aidera à avoir les idées claires, et un rapport moins « problématique avec la réalité du monde ». La nomenclature, c’est une vision du monde.

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  8. geraldinecoupsdecoeur dit :

    Très beau billet, qui me touche beaucoup, et dans lequel je me retrouve beaucoup !

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  9. trés beau cette histoire a écrire a lire a écouter

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  10. de Chavanes dit :

    Cette courte histoire résume bien ma situation, mais toi tu as su y mettre les mots justes. Merci pour ce bon moment

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  11. Aïcha Van Dun dit :

    Ce texte me rejoint. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu envie d’écrire! À l’âge de trois ou quatre ans, je demandais aux adultes de mon entourage d’écrire l’intrigue des mes dessins. Il aura fallu toutes ces années pour que je me décide enfin à écrire sur une base régulière!

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