qu’est-ce que le voyage sinon un effort pour mettre au jour la part sacrée que nous recelons au fond de notre âme ?
Il y a une dizaine d’années, au nord d’Alep, au milieu de ruines archéologiques, a été retrouvé un ensemble de parchemins qui constituent le récit autobiographique d’un moine, Hiba, ayant vécu dans la première moitié du Vème siècle. Ce récit, c’est l’histoire d’une âme torturée entre sa foi et ses désirs, et assaillie par Azazel, le démon. Le narrateur, venu à Alexandrie pour faire des études de médecine et parfaire ses connaissances en théologie, est animé d’une foi fervente mais il est cependant vite horrifié par la violence religieuse des chrétiens, notamment par le lynchage de la grande philosophe platonicienne Hypathie.
Ce roman passionnant aussi bien d’un point de vue narratif que réflexif nous entraîne dans les premiers siècles du christianisme, religion alors en train de se constituer dans son opposition au paganisme, et dont les errances du dogme sont un des enjeux du récit : les querelles théologiques, par exemple autour de Nestorius et de la question de savoir si oui ou non Marie peut être qualifiée de Theotokos (mère de Dieu), sont un des ressorts essentiels (et peuvent paraître complexes sinon totalement saugrenues) à la fois pour l’Histoire (celle du monde) et l’histoire (d’Hiba). Le roman est toujours sur ce double niveau : à grande échelle, une religion déchirée, qui veut faire table rase du passé et éradiquer les sciences et la philosophie païenne, quitte à semer la violence et les ténèbres ; d’ailleurs, le texte n’est pas tendre avec ce christianisme des origines, qui sème la terreur autour de lui : « ils dévorent tout ce qui a de la chair dans cette ville, et remplissent notre vie de morosité et d’intransigeance ». Et puis, il y a Hiba, moine chrétien qui voit avec horreur les massacres perpétrés par une religion qui est pour lui celle de l’amour, qui voit avec horreur les enjeux politiques dans lesquels elle se perd, alors que lui n’aspire qu’à vivre simplement sa foi ; c’est donc l’aventure d’une âme, tiraillée parfois entre le christianisme et tout ce que le paganisme a de positif, une âme qui ne sait plus parfois où est le Bien et où est le Mal, placée parfois dans un cruel dilemme entre le charnel et le spirituel. Une âme harcelée par Azazel. Mais Azazel n’est pas forcément là où l’on croit…
Bref, un très beau roman, qui pose beaucoup de questions et fait réfléchir, même s’il est parfois un peu difficile à saisir, parce que très érudit.
La Malédiction d’Azazel
Youssef ZIEDAN
Albin Michel, 2014
By Val
Je passe… malgré la couverture superbe!
J’aimeJ’aime
C’est assez particulier, c’est vrai
J’aimeJ’aime
Je crois que ce n’est pas pour moi.
J’aimeJ’aime
Ce n’est pas pour tout le monde !
J’aimeJ’aime
Pourquoi pas? ça change un peu.
J’aimeJ’aime
C’est sûr !
J’aimeJ’aime
Ta dernière phrase me fait me retourner. Je me disais « oui, le sujet m’intéresse », mais si c’est trop érudit, je risque fort d’être vite paumée et endormie !
J’aimeJ’aime