On sait parfois qu’on emprunte un chemin qui ne mène nulle part, mais on l’emprunte tout de même, car s’y refuser nous laisserait inachevé.
Voici le dernier né du genre particulièrement en vogue en ce moment : la romance érotique, qui est aussi le premier né de la collection « Romantica » de Bragelonne/Milady. Pour autant, même s’il semble surfer sur la vague de Fifty shades of Grey et Dévoile-moi, il se révèle assez différent…
Summer est violoniste, et affublée d’un petit ami psychorigide dont elle sait très bien qu’il n’est pas l’homme de sa vie. Elle est en outre dotée d’un appétit sexuel fort développé. Dominik, lui, est professeur de littérature comparée. S’il enseigne, c’est pour son plaisir, car un héritage l’a rendu plutôt riche. Ces deux là ne se connaissent pas, mais Dominik a été subjuguée par la musique de Summer, qu’il a entendu jouer dans le métro, et lorsqu’il lit dans la presse que son violon a été détruit, il lui propose de lui en offrir un autre en échange d’un petit jeu…
Alors à ce stade, vous vous dites « déjà vu ». Et bien, non. Car, de fait, ce roman est beaucoup plus écrit et recherché que ce que j’ai pu lire jusque-là dans le genre. D’abord parce que l’alternance des chapitres, l’un à la première personne pour Summer et l’autre à la troisième pour Dominik, permet d’avoir un double point de vue, masculin et féminin, ce qui bien sûr enrichit le propos. Mais surtout nous avons là deux personnages raffinés, cultivés et plutôt intelligent : Summer n’a rien d’une oie blanche, c’est une femme accomplie qui sait ce qu’elle veut et qui assume ses fantasmes, qu’elle découvre d’ailleurs au cours du roman, et pas seulement avec Dominik d’ailleurs. Dominik quant à lui est un lettré, il a lu beaucoup de littérature érotique et s’interroge aussi sur ses propres pratiques : et c’est là que le roman m’a plu, c’est que c’est dans l’ensemble très cérébral, les fantasmes ont un rôle essentiel et du coup les scènes érotiques sont assez ritualisées, de manière presque religieuse, afin d’explorer le côté sombre de ces territoires inconnus et inquiétants. Grâce à cette exploration, les personnages apprennent beaucoup d’eux-mêmes, et le lecteur avec. L’ensemble est extrêmement pervers, et va très loin dans la deuxième partie puisqu’après quelques soirées fétichistes gentillettes Summer se retrouve au milieu d’amateurs de BDSM pur et dur, donjons, esclaves et marquage au fer compris. Je l’avoue, tout cela est allé un peu loin pour moi à ce moment : car autant j’ai trouvé la première partie assez émoustillante, car finalement ludique (et respectueuse de l’autre), autant la deuxième clairement non, j’ai trouvé mes limites dans cette différence entre la soumission et l’asservissement. Mais si ça ne m’a pas émoustillée, j’ai tout de même trouvé cette plongée dans les milieux interlopes intellectuellement très intéressante.
A noter par ailleurs que certaines scènes sont vraiment bien trouvées, parfois drôles et burlesques aux deux sens du termes : la soirée fétichiste, traitée sur un ton léger, est irrésistible. L’ensemble est en outre plutôt bien écrit et exempt de certains tics langagiers qui me font bondir.
Et la romance, me direz-vous ? Elle est encore à l’état d’ébauche, mais je pense que ça peut donner quelque chose d’assez croustillant.
*
80 notes de jaune
Vina JACKSON
Bragelonne/Milady, 2013
(cette chronique est dotée d’un bonus, comme les DVD : donc revenez demain)
By Stephie
Normal, quand on sait qui est la traductrice. Comme toi, je ne suis pas fan des pratiques de la 2e partie, mais j’ai trouvé ce roman franchement meilleurs que d’autres se prétendant de cette veine…
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ça c’est sûr !
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Hum, même si la traduction est excellente, je crois que je vais m’en tenir à mes amours bisounouresques. 😉
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Dans mes bras !
Euh… je veux dire : on est bien d’accord.
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eheh ^^
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Le double point de vue peut- être intéressant en effet et la romance après les scènes de BDSM » pur et dur » m’intrigue!
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c’est assez particulier, on va dire
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Je dois dire que j’ai fui les 50 shades of grey & cie jusqu’à présent, mais celui ci m’intrigue !
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il est vraiment très différent !
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Et un roman érotique fleur bleue et doux, mais sans niaiserie, ce serait possible un jour, ou bien il faudra que je l’écrive moi-même ? Franchement, je suis effaré de voir que la sexualité décrite comme la plus raffinée, et qui s’affiche partout, est loin de ce que je vis, et y est même opposée.
Je comprends que les marchands d’accessoires (que nous n’utilisons pas) aient quelque intérêt à cela. Je veux bien, au risque de me faire lyncher, relever que les journalistes étant en majorité d’infâmes gauchistes tordus, il n’est pas étonnant qu’ils fassent eux aussi la promotion de l’asservissement volontaire et violent en en parlant comme d’une libération de la femme par l’homme… Il est encore logique que l’insolite soit sur-représenté dans les articles. Je suppose enfin que, de même qu’on a remarqué que les films de vampires marchaient bien en temps de crise, de même l’essor de la littérature sadique pourrait être corrélé à la période de dépression et de déni que nous traversons.
Mais je reste étonné que l’amour le plus simple ne domine pas (si je peux dire), et que ceux qui jouent avec leurs corps simplement et respectueusement sans singer des rapports pathologiques, ne soient pas vus comme un marché à conquérir (parce que je n’ai rien contre l’existence ni le succès des autres livres, c’est contre leur omniprésence étouffante que je grogne).
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Je me sens aussi bien loin de tout cela… J’ai tenté 50 nuances et j’ai trouvé ça nul. En lisant le début de ton billet, je me suis dit pourquoi pas celui-ci mais vu ce que tu dis de la 2ème partie, non merci.
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La deuxième partie est je pense nécessaire pour la construction et l’évolution du personnage !
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Quelle que soit la couleur, pas attirée… Même si la traductrice n’est pas en cause… ^_^
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eheh
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Oeuf corse, je n’ai pas lu la « chose »…Nos « amis » les éditeurs essaient de surfer sur
les tendances.
Le lectorat, en France, étant à 70% féminin, ils cherchent et testent ce dernier en
essayant de repousser les limites de sa frilosité.
Les réactions de votre échantillonnage prouvent, si besoin en était, que le « job » n’est pas une gageure
Mais bon, à la longue, ils arrivent à leurs fins.
Il doit y avoir derrière cette démarche un « truc », quelque chose qui pourrait s’apparenter au subliminaire.
Mesdames, mesdemoiselles, vous êtes leurs cobayes.
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Pas envie ! Je me réserve pour ton bouquin…
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^J’espère que tu n’es pas trop pressée !
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Je crois que je vais quand même passer mon tour 🙂
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Je comprends
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C’est si hard que ça cette deuxième partie…? Tu m’intrigues là, même si je ne suis pas du genre à planquer une cravache sous mon lit !
…. et évidemment je reviens demain, j’adore les bonus ! 😉
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Oui, la 2e partie est un peu hard, mais pas gratuite
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eh bien ça alors… je n’aurais pas eu l’idée de le lire, pensant tomber plus bas que l’original!
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Au contraire, au contraire !
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