(la photo n’a strictement rien à voir avec le sujet, mais alors rien de rien…)
En psychologie, la colère est considérée comme une émotion secondaire à une blessure, un manque, une frustration. Elle est affirmation de sa personne et sert au maintien de son intégrité physique et psychique ou alors elle est l’affirmation d’une volonté personnelle plus ou moins altruiste. Une colère saine est sans jugement sur autrui. Parce qu’elle peut faire souffrir celui qui l’exprime, elle peut être considérée comme une passion. Dans la tradition catholique, la colère fait partie des sept péchés capitaux. Chez les bouddhistes, la colère fait partie des trois poisons de l’esprit, avec l’avidité, ou Trishna, et l’ignorance, ou Avidyā. « Seul Dieu a le droit d’être en colère ».
Cela tombe bien que ce soit aujourd’hui le tour de la colère d’être réhabilitée, car il se trouve que c’est le sentiment qui m’habite depuis vendredi et qui, à mon avis, n’est pas à la veille de s’éteindre. Il se trouve que vendredi, j’ai appris que je n’étais même pas auditionnée pour le poste que je convoitais, et qui m’aurait permis à la fois d’avoir un travail plus conforme à mes aspirations et à mes compétences, et de quitter Orléans que je ne peux plus supporter. Je suis en colère, furieuse, hors de moi, car tout ce qui était indiqué sur le profil du poste, je le fais déjà, et ne même pas m’auditionner, c’est me refuser ma chance de montrer mes capacités. Et cette chance, je la méritais, et me la refuser est tout simplement une injustice.
Je suis en colère contre cette société immobile et rigide, où on ne donne pas la possibilité de faire leurs preuves aux gens que l’on ne connaît pas. J’avais vraiment envie de découvrir cette ville, j’étais enthousiaste et motivée. Mais la France, malade du népotisme et du piston, n’a que faire de l’enthousiasme. Elle est frileuse, renfermée, sclérosée. Une fois qu’on est quelque part, impossible de bouger. L’université ne veut pas de ceux qu’elle ne connaît pas. Le privé est tellement gangrené de préjugés sur les profs et sur les littéraires que cumuler ces deux tares est une condamnation à vie dans un emploi qui n’a rien d’exaltant, sans possibilité de remises de peine même pour les plus motivés.
Ce poste, quand je l’ai vu, j’ai vraiment pensé qu’il était pour moi tant il correspondait à ce que j’avais envie de faire, vraiment. J’ai presque cru au destin. Presque. Et je suis en colère, parce que c’est toujours la même chose, dès que j’essaie de faire quelque chose pour sortir du cercle infernal, je me prends un mur. Dès que j’essaie de rebondir, je me loupe. Je pense que mon roman, je vais le garder pour moi, parce que là tout de suite, il m’apparaît comme évident que je perdrais du temps et de l’argent à le soumettre à des éditeurs. Autant m’acheter des chaussures, au moins, c’est utile. Et ce n’est même pas que je doute de mon talent, en plus. Par contre, je suis intimement convaincue de l’injustice de la vie. Heureusement que je ne crois pas en Dieu, sinon c’est contre lui que je serais en colère, parce que manifestement, s’il existe, il se fout de moi. People will let you down. And God will too.
En l’occurrence, la colère et l’orgueil sont salvateurs : sans ce sentiment de ce que je vaux vraiment, même si cette valeur est niée, je ne sais pas où je serais. Parce que, lorsqu’on est en colère contre l’injustice, ça veut dire que quelque part, même loin, on croit encore à la justice.
Etre en colère, c’est se révolter. Et il n’y a pas d’artiste qui ne soit révolté.
(merci de m’avoir lue, ça va un peu mieux d’avoir exprimé cette colère. ça m’évitera, en plus, d’avoir un ulcère…)
Bonjour
Comme je peux imaginer ta colère… on vit dans un drôle de monde : la chance n’est pas laissée à la personne et à ses compétences. Si tu n’as pas le bon filon, si tu n’as pas le bon diplôme (alors que tu fais le boulot depuis des années) tu n’as qu’à rester où tu es et cela doit te contenter ! Je suis passée par là … la colère de ne pas pouvoir s’exprimer … je l’ai toujours ! Bon courage à vous.
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Merci !
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Désolée pour ce projet,je comprends ta colère. Bon courage
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Merci !
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Je comprends ta colère et la partage. Je pense que ce n’est pas seulement la France qui est malade mais l’Europe entière. Le jour où on se réveillera, il sera trop tard et on sera devenu un des derniers continents sur l’échiquier mondial. Le piston, oui. L’incompétence élevée à son plus haut niveau, tant que tu as les bonnes cartes en main. Triste constat.
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Voilà, c’est bien le problème, cet immobilisme !
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C’est la première fois que je commente l’un de vos articles pourtant je les lis régulièrement: j’adore ce que vous faites. Désolé pour ce projet ils ne savent pas le professeur extraordinaire qu’ils viennent de rater ( un peu de compliments ça remontent le morale surtout lorsqu’ils sont vrais) et pour votre livre se serait vraiment dommage de ne pas essayer de le publier. Il y a pleins d’éditeurs qui se feraient une joie de vous éditer je n’en doute pas une seconde ( essayer avec eux par exemple ils prennent beaucoup de nouveaux écrivains :www.editions-benevent.com) Bon courage et ne lâchez pas prise.
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Merci, les compliments font toujours plaisir !
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Je suis désolé pour toi, que ça n’ait pas marché ce coup-ci, mais je t’encourage à multiplier les initiatives, ne serait-ce que pour que l’échec de l’une ait en proportion une importance moins grande.
Par ailleurs, je pense que tu ressens d’abord du dépit plutôt que de la colère pure. Tu te sens en guerre contre un système injuste qui t’a rejeté, et c’est une réaction d’adaptation à ce rejet.
Pour moi, la colère naît quand on ne parvient pas, faute de temps ou de références culturelles communes, à se faire comprendre sur des sujets d’importance variée qui ne nous concernent pas forcément. A chaque fois que j’ai senti que je risquais de me mettre en colère, j’y ai pensé, et j’ai demandé qu’on s’octroie du temps et tout s’est bien passé ensuite, et si la situation ne l’a pas permis, j’ai fait de mon mieux pour expliquer calmement mon point de vue sans avoir recours à la colère, qui est un moment où la forme l’emporte sur le fond, ce qui fait perdre d’autant plus de temps. En outre, en restant très calme face à quelqu’un qui s’emporte, on acquiert un avantage psychologique majeur, et en gardant la tête froide, on conserve plus d’habileté. Je crois vraiment qu’il y a très longtemps que je ne me suis pas emporté. Et quand j’étais prof, je morigénais quelque fois des galopins, mais je devais me forcer pour avoir l’air mécontent, et je jouais la colère froide.
Mille bises à toi.
Si tu veux venir voir Hopper, je t’inviter à griller la file d’attente et à prendre un énorme gâteau ensuite.
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Je suis un tempérament volcanique moi, je dois avoir des origines latines. Pour Hopper, c’est gentil mais je n’ai pas le temps du tout de venir à Paris, là, je croule sous le boulot !
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Et la blague, c’est qu’à l’inverse, on se retrouve à être embauchée pour des boulots qu’on a pas forcément envie de faire et pour lesquels on a pas forcément l’impression d’être follement compétente. La vie est parfois sacrément absurde…
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Oui, aussi…
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ha, je partage 1000 fois ta colère contre cette injustice, je connais ce sentiment de se faire flouer, j’ai connu cette colère aussi contre mon université (il y a bien longtemps, quand j’aspirais à de plus grands horizons), j’ai ruminé cette colère et puis elle m’a donné la force d’aller de l’avant et d’entreprendre de nouveaux projets… J’espère que ta colère sera motrice et salvatrice, qu’elle te permettra aussi de continuer ta route fièrement.
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Je l’espère aussi, merci !
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Oh comme cet article me parle! et comme je suis désolée pour toi. MERDE! Depuis que je suis sur le marché du travail, je me suis tour à tour sentie inutile, incapable, bouche trou et j’en passe.. mais le plus dur : voir mon enthousiasme, mon énergie et ma foi niés, bafoués.. avec cette sensation que ce que j’avais à offrir était jeté à la poubelle avant même d’avoir pu exister. Dur, très dur. Il n y a qu’à rebondir et à persévérer, pas le choix. Je t’envoie tous les espoirs que j’ai pour toi et mille autres choses joyeuses.
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Disons qu’à force de rebondir, je finis par ne plus savoir où j’en suis…
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je partage ta colère.Moi aussi je viens de louper des tests pour suivre une formation pour passer en interne leconcours de conservatrice. Ras le bol et déception c’est sûr!
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Oui, voilà, à force ça suffit !
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ç’est bien d’exprimer la colère…chez moi, elle se fait toujours manger par la déception…ou bien je me fais une raison trop vite mais ça me fait toujours avancer, quoi qu’il en soit…je te souhaite la réalisation de tes projets, tu vas rebondir!
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J’espère… merci !
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Je t’envoie plein de courage… Ne perds pas espoir !
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Merci !
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Si on garde de la colère en soi, on tombe malade! Donc tu as parfaitement raison de l’exprimer ici, et en plus c’est une colère que j’ai maintes fois ressentie, en France, aussi, d’avoir postulé dans je ne sais pas combien de postes intéressants et qui me semblaient faits pour moi mais crois-tu qu’il m’aient répondu positivement? Que nenni! J’étais furax! Maintenant je suis résignée, je ne postule qu’À des postes ininteressants parce que pour les autres, il faut avoir le bon diplôme, être complètement dans la bonne case, ça me saoule… Alors garde ta colère, elle te permettra de te battre et surtout ne te laisse pas gagner par la résignation, nous sommes bien trop jeunes pour être rongée d’amertume, non?
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Oui, tu as raison !
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Encore une fois un très beau billet dont je partage tout à fait le contenu. Désolée d’apprendre ici que tu rempiles sur Orléans pour quelque temps. Mais tu as raison, le monde est fait d’injustice, de la plus mesquine à la plus ignoble. Et tu as raison aussi de croire en toi, car qui sait, cette injustice est peut-être un signe du destin, que quelque chose d’encore plus intéressant s’annonce par exemple ?
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Mouais…
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C’est curieux parce que plus ou moins au même moment (le 10 novembre) moi aussi j’ai reçu une réponse négative qui m’a mise en colère et désespérée. C’était une demande de subvention au CNC pour un projet de scénario — et j’étais persuadée que j’obtiendrais cette subvention car c’est un scénario sur Olympe de Gouges et Théroigne de Mericourt et le président de la commission était un historien spécialiste de la révolution. J’étais persuadée qu’il serait enthousiaste pour notre projet — et pour un sujet qui n’a jamais été traité au cinéma et à la télé. Et moi aussi je prends ça pour une injustice. Et ça me met en colère.
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Alors moi c’était il y a plusieurs années ce coup de colère, mais je comprends…
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