Scènes de la vie conjugale, d’Ingmar Bergman

Scènes de la vie conjugale, d'Ingmar Bergman

Une histoire de couple

Pas plus tard qu’hier soir, quelqu’un nous a dit que le manque de problèmes était en soi un sérieux problème. Il y a sûrement du vrai. Une vie comme la nôtre présente toujours ses dangers. Nous en sommes très conscients.

Il y a de cela une dizaine d’années, j’avais vu, au théâtre de la Passerelle à Limoges, une mise en scène de ce texte de Bergman par Michel Bruzat, avec Philippe Labonne et Laure Sirieix.

Le texte d’origine avait été réduit aux scènes mettant face à face les deux personnages principaux, et je me souviens que ce spectacle m’avait beaucoup marquée, notamment par l’originalité de sa mise en scène et la force qui se dégageait du texte. Depuis lors, j’avais toujours eu envie de découvrir le texte original, pour voir s’il avait le même effet sur moi, et j’ai choisi de le lire plutôt que de voir le film, pour le moment.

Ce texte, comme son titre l’indique, présente six scènes dans la vie d’un couple, que l’on suit sur plusieurs années. Dans la première scène, « Innocence et panique », nous découvrons donc Johan et Marianne. Ils sont ensemble depuis treize ans, ont deux petites filles, et leur mode de vie est plutôt bourgeois : elle est avocate, spécialisée dans les divorces, et il est enseignant chercheur.

Dans leur vie, pas de passion : leur couple ne s’est pas construit sur un coup de foudre, leur entente est liée à un certain bien-être qui dégage finalement un certain ennui. Ils sont en apparence heureux, cependant, mais ce n’est que le calme avant la tempête, car bien vite les failles deviennent évidentes…

Le bonheur domestique

J’ai bien fait de lire cette pièce (oui, je sais, ce n’est pas stricto sensu une pièce mais comme ce texte est avant tout lié pour moi à un spectacle, je le classe quand même dans la catégorie « théâtre ») et j’aurais dû le faire bien avant, car j’ai enfin réussi, grâce à elle, à mettre la main (ou plutôt les mots) sur quelque chose que je cherchais depuis bien longtemps concernant ma vision des relations amoureuses.

Disons, pour faire simple, que je pense que cette pièce m’a beaucoup plus marquée que je ne l’aurais pensé, de manière certes inconsciente. Johan et Marianne, c’est, finalement, ce que je ne veux pas : ils s’entendent bien, se satisfont l’un de l’autre, se satisfont de leur « bonheur domestique » un peu étriqué me semble-t-il, mais il n’y a pas de magie entre eux et on peut se demander s’ils s’aiment ou s’ils sont juste ensemble par flemme.

On ne peut qu’applaudir lorsque la crise arrive et les réveille un peu : séparation, engueulades, violence, réconciliation, jusqu’à un point paroxystique, tout cela met un peu de piment, et c’est bien de cela que leur couple manquait.

Alors qu’au départ c’est l’ennui, un ennui mortel qui se dégage de leur couple petit bourgeois enfermé dans un confort quotidien qui ne ressemble ni au bonheur ni à l’amour, il devient vite évident que cette vie réglée ne leur convient pas : ni à Marianne qui essaie désespérément de mettre un peu de poésie, de peps, d’imprévu dans leur quotidien mais se heurte à un mur, ni à Johan qui de son côté n’est pas satisfait de leur vie sexuelle.

Il faut alors tout détruire pour, peut-être, reconstruire…

Scènes de la vie conjugale (lien affilié)
Ingmar BERGMAN
Gallimard, 1975 (Folio, 2005)

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