Bienvenue dans l’ère de l’innocence perdue. Les lumières rutilantes de Manhattan brillent toujours, qu’avait choisies Edith Wharton comme toile de fond à ses romans d’amour qui nous faisaient battre le coeur, mais la scène est vide. Plus personne ne prend son petit déjeuner chez Tiffany, plus personne ne cultive le souvenir de ses aventures amoureuses. Non : aujourd’hui, nous avalons une tasse de café à sept heures du matin et essayons de les oublier aussi vite que possible. Comment en sommes nous arrivés là ?
L’autre jour, après avoir lu le Journal de Carrie, je me suis dit que je relirais bien le roman par lequel tout a commencé. L’avantage : c’est vite lu. Néanmoins, je ne suis pas sûre d’avoir bien fait, car j’ai été passablement déçue, pour les raisons que je vais vous expliquer.
Alors déjà, je tiens à avertir d’emblée les fans de la série qu’il ne faut pas s’attendre à y retrouver exactement la même chose. En fait, ce roman, ce serait plutôt l’équivalent du livre que publie Carrie dans la saison 5 et qui recueille ses chroniques, sauf que la chroniqueuse n’est pas Carrie. Elle reste néanmoins le personnage principal. En outre, les filles ne sont pas les filles, elles n’ont pas du tout le même caractère, et ne jouent pas un rôle très important. Et enfin, l’histoire de Carrie et de Big (« the Boss ») est moins chaotique, et partant moins fascinante. Cependant, ça et là, on reconnait tout de même la trame de certains épisodes. Mais ça, je le savais déjà, et ce n’est pas ce qui m’a gênée.
Non, c’est autre chose. Il se dégage de ce livre un pessimisme sur les relations hommes/femmes qui m’a effrayée, et m’a aussi permis de comprendre combien j’avais changé.
Cupidon a-t-il vraiment déserté le monde ? Je ne crois pas, et je n’espère pas. Mais c’est un bizarre constat que celui que je vis ma vie au rebours des autres : en vieillissant, je perds en cynisme et je deviens plus romantique. A vingt ans (l’âge auquel j’ai lu le roman), je ne croyais pas au grand amour, et aujourd’hui, malgré tout, j’y crois de plus en plus. Aussi, ce qui m’exaltait à l’époque me semble triste. Ce constat désabusé d’un monde désenchanté qui ne croit plus à l’âme soeur ne me parle plus. D’ailleurs, c’est un signe, cela fait quand même un certain temps que je n’ai pas revisionné les épisodes de la série, à l’exception des deux derniers. Mais ils sont à part (ainsi que les films) : c’est le triomphe de l’amour, du romantisme, et ce n’est pas par hasard qu’ils se passent à Paris et non à New-York.
(et au passage, je conseillerais quand même à Candace Bushnell, si elle me lit (sait-on jamais) de relire son propre roman, car j’y ai noté des incohérences par rapport au Journal, ce qui est tout de même ennuyeux….)
Sex and the City
Candace BUSHNELL
Albin Michel, 2001
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